La semaine dernière, je vous ai présenté les différents types de monnaies romaines en bronze. En effet, je vous avais fait de courtes présentations sur les sesterces, les as, les dupondius … Si vous ne l’avez pas lu, allez le lire Les monnaies romaines en bronze. Il est donc obligé que je fasse un article sur les différents types de monnaies romaines faites en argent. Comme dans l’article précédent où je parle du bronze, du cuivre et du laiton, je vais parler ici de l’argent mais aussi de son dérivé : le billon. Voici donc les monnaies romaines en argent. Bonne lecture.
(Cet article est disponible sous la forme de vidéo en cliquant ici, bon visionnage)
Le denier
La plus typique monnaie romaine en argent et la plus connue est bien évidemment le denier. Ce type faisait partie des monnaies de base du système monétaire de l’Empire Romain. Son nom : « denier » signifie dizaine car il vaut 10 as. Plusieurs dates sont citées concernant sa création mais l’on peut dire avec une quasi certitude qu’il fut créé en 269/268 av J-C selon les dires de Pline l’Ancien et Tite-Live. On peut donc supposer qu’elles sont vraies. Aussi, des deniers ont été retrouvés dans des fouilles archéologiques datés à 211 av J-C. On sait donc que les deniers sont antérieurs à cette date.
Lors de sa création, il pesait environ 4,5g pour environ 18 mm de diamètre. Par la suite, plusieurs réformes furent créées et son poids a peu à peu diminué, passant de 4,5g à 4,2g puis à 3,7 au IIème siècle avant J-C. A cette époque, le denier ne faisait apparaître que des personnes n’ayant jamais existé comme des allégories ou des Dieux et Déesses et, des personnes mortes.
Ce n’est que lorsque que Jules César fut au pouvoir que la première personne encore vivante apparue sur un denier. Il s’agissait bien évidemment de Jules César lui même. En 145 av J-C, le denier voit son taux de change modifié et vaut maintenant 16 as, sans pour autant que son poids ne soit modifié. Par la suite, cette monnaie ayant toujours gardée une place importante dans le système monétaire romain, perd cette dernière lorsque Caracalla crée l’antoninien. Suite à l’apparition de cette nouvelle monnaie, le denier disparut peu à peu et tomba totalement dans l’oubli sous le règne de Gallien. Le denier à véritablement marqué l’histoire de la Rome Antique et encore aujourd’hui, ce nom est utilisé pour certaines de nos monnaies modernes.
Denier d’Antonin le Pieux (138-161 ap J-C)
L’antoninien
L’antoninien est une monnaie qui au même titre que le sesterce, est composé d’un alliage. En effet, il est fait dans un métal nommé « billon » qui est un mélange de cuivre (50%), d’argent (50%). Il fut créé au IIIème siècle, plus précisément en 215 ap J-C par Caracalla comme monnaie valant deux deniers. Ainsi, il est à l’origine du commencement de la chute du denier. Au début, l’antoninien était comme le denier, composé d’argent mais rapidement, il fut dévalué et fut donc frappé en billon. Il est ensuite abandonné, en 240 ap J-C puis ré-introduit sous Gordien III. C’est à ce moment là, que le denier et réellement abandonné. Par la suite, lors des règnes de Gallien et de Valérien, l’Empire fait face à de nombreuses difficultés économiques et est donc contraint de produire plus de monnaies.
De ce fait, de nombreux antoniniens sont frappés avec un taux d’argent en constante décroissance. En effet, peu après sa création, ils étaient constitué à 50% d’argent pour un peu plus de 5 grammes puis, lors de la dernière année de règne de Valérien, de seulement 10% pour moins de 3 grammes et puis même pas 1% pour même pas 3 grammes sous Gallien.
Durant cette période de profonde dépréciation, les vraies et fausses monnaies se sont confondues dans le monnayage et furent utilisées à part égale. Sous Aurélien, l’antoninien reprend un peu de vigueur. En effet, il est renommé « aurelianus », pèse près de 4 grammes pour environ 5% et aussi le « double aurelianus » avec le même poids mais près de 10% d’argent. Ces deux évolutions de l’antoninien furent utilisées jusqu’à la fin du IIIème siècle puis leur circulation cessa sous le règne de Dioclétien. Les antoniniens ont continué à être utilisés au IVème siècle mais sous forme de frappe barbare.
Antoninien de Gordien III ( 238 – 244 ap J-C)
Le quinaire
Le quinaire est une monnaie romaine d’argent émise pour la première fois à la fin IIIème siècle av J-C, lors de la 2ème Guerre Punique. Le nom « quinaire » fut aussi utilisé pour désigner une monnaie d’or mais nous y reviendrons lors du prochain article. Elle apparut durant la même période que le sesterce et que le denier. Cette monnaie valait à la base un demi denier soit 5 as.
Cette monnaie bien évidemment constituée d’argent, pesait environ un peu moins de 2 grammes pour un diamètre d’une quinzaine de millimètres. Par la suite, lors de la réévaluation du denier, la valeur de quinaire passa de 5 as à 8 as. Il fut ensuite dévalué lors de la réforme monétaire de Néron puis peu à peu, il disparut de la circulation. D’autres exemplaires furent frappés plus tardivement notamment sous Dioclétien. Mais ces derniers n’étaient pas en argent comme leurs prédécesseurs mais en cuivre.
Quinaire d’Auguste ( -27 + 14)
Le cistophore
Le cistophore est la plus grosse monnaie romaine composée d’argent. Elle fut créée aux alentours de l’an 170 av J-C dans la ville grecque de Pergame. Lorsque cette dernière fut prise par les romains, ces derniers se mirent à utiliser cette monnaie. Ainsi, ils créèrent leurs propres tirages. D’ailleurs, le cistophore était plus une monnaie dite coloniale. En effet, elle n’était que frappée dans des ateliers monétaires appartenant à des colonies comme en Asie Mineure ou encore en Grèce. Mais, elle était aussi principalement utilisée en dehors de l’Italie actuelle.
Comme je l’ai dit précédemment, le cistophore était la monnaie romaine composée d’argent la plus grosse. En effet, elle mesurait environ 25 mm pour environ 10/11 grammes soit plus de trois fois le poids d’un denier. Cette monnaie fut donc utilisée après la prise de Pergame par les romains soit dans les années 80-70 av J-C jusqu’au règne d’Hadrien (117-138 ap J-C). Suite à cela, sa fabrication fut stoppée.
La silique
La silique est une monnaie en argent ayant apparu tardivement lors de l’Empire Romain. Elle fut introduite dans le monnayage sous Constantin Ier avec un poids supérieur à 2 grammes pour environ 16 mm de diamètre. A ce moment là, il fallait 24 siliques pour avoir un solidus d’or (on en parlera lors du prochain article). Par la suite, lors de la seconde moitié du IVème siècle, son poids passa à 2 grammes. Cependant, le ratio solidus/silique resta le même.
Durant cette période, elle fut abondamment frappée et ensuite, à la fin du IVème siècle, son poids descendit sous la barre des 1,4 grammes mais toujours en conservant la valeur de change entre le solidus et la silique. Sa fabrication cessa sous Valentinien III et celui-ci fut d’ailleurs le dernier à avoir émis des exemplaires de cette monnaie. La silique ne resta en vigueur que sur une courte période mais elle resta assez de temps pour marquer le IVème siècle.
L’argenteus
L’argenteus est tout comme la silique une monnaie d’argent tardive de l’Empire Romain. Elle fut introduite dans la toute fin du IIIème siècle par l’empereur Dioclétien. Cette monnaie pesait dès lors presque 3,5 grammes pour environ 20 mm de diamètre. Ces monnaies peuvent être comparées aux deniers qui avaient encore cours plusieurs décennies avant l’apparition des argenteus. Cependant, elle ne furent pas utilisées sur une longue période comme la plupart des autres types de monnaies. En effet, sa production cessa en 312 ap J-C. Ainsi, elle ne fut frappée que durant une vingtaine d’années soit une courte période à l’échelle de l’Empire. Par conséquent, cette monnaie est plutôt rare aujourd’hui. Effectivement, elle ne fut pas produite en grand nombre et elle est souvent en bon état.
Le miliarense
Le miliarense est aussi comme les deux monnaies présentées précédemment, une monnaie ayant apparu tardivement lors de l’Empire Romain. Elle fut introduite par Constantin I. Grâce à ses caractéristiques, on peut la comparer à l’argenteus. En effet, elle pèse en général dans les 4,5 grammes pour environ 24 mm de diamètre. Aussi, deux types de miliarenses existe : les miliarenses « légers » et les miliarenses « lourds ». Les « légers » étant frappés de leur création jusqu’à la fin du règne de Valentinien I. Les « lourds » étant frappés de Gratien jusqu’à la fin de l’Empire Romain. On peut aussi les différencier selon leurs poids. Le miliarense est aussi une monnaie comme l’argenteus plutôt rare à cause du peu d’exemplaires produits et c’est aussi une monnaie très intéressante.
Voilà pour les monnaies romaines en argent. J’espère que cette article vous aura plu et qu’il vous aura pourquoi pas fait découvrir des types de monnaies que vous ne connaissiez pas. Marquez dans l’espace commentaire quel type de monnaie est votre préféré. Pour ma part, en ce qui concerne l’article de la semaine prochaine, il sera bien évidemment sur « les monnaies romaines en or ». A la semaine prochaine !
Faites désormais partie des privilégiés à posséder des monnaies romaines
Article précédent : Les monnaies romaines en bronze
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